Cette rentrée des classes commence mal pour un grand nombre de familles à Schaerbeek. Le nouveau règlement en matière de redevances pour les repas chauds, garderies et congés scolaires est d’application. Le collège, prétextant de soulager les écoles d’un travail administratif  pénible, a foncé dans des solutions extrêmes, qui vont mettre en difficulté les familles, et en particulier les familles socio-économiquement fragiles.

Le règlement en matière de paiement des garderies posera sans doute le plus de problèmes. Penchons-nous sur celui-ci. Il prévoit que les parents choisissent un forfait pour toute l’année, qu’ils paient en une fois au début de l’année, ou en trois fois au cours de l’année. Les montants à débourser d’un seul tenant varient du coup entre 130 euros (enfant schaerbeekois, paiement en trois fois sur l’année) et 480 euros (enfant non schaerbeekois, paiement en une fois).  Ceci sera terriblement difficile pour bien des familles. On est loin d’un paiement basé sur la fréquentation réelle des garderies, calculé de manière juste puisque témoignant du service réellement utilisé et qui permettait aux familles d’affiner leur choix, en fonction de leur situation financière et sociale du moment, et en particulier de la situation sur le marché du travail des parents. Car chacun sait qu’aujourd’hui cette situation peut varier très rapidement.

Autrement dit, il y a fort à parier que de nombreuses familles n’auront que le choix de renoncer à mettre leur enfant en garderie, en attente de jours meilleurs. Ce choix si il est effectué en début d’année risque d’ailleurs de peser dans la balance si au cours de l’année l’un des parents doit choisir de travailler ou d’entamer une formation. En effet, si les directions d’école se veulent accessibles, dans les faits, pour la plupart des familles schaerbeekoises cela ne sera pas facile d’effectuer les démarches visant à “se donner l’opportunité de changer de forfait”. Notons d’ailleurs qu’il est remarquable que les autorités n’aient pas spécifié que ceci était possible… Donc éviter à tout prix la garderie, et pour cela renoncer à une formation ou à un travail s’imposer encore davantage, en particulier pour les femmes. Sans parler d’en arriver à garder son enfant à la maison le plus longtemps possible, avec toutes les conséquences que l’on en connaît en terme d’acquisition de la langue et en terme de sociabilité pour les plus petits.

 

Quant à l’humiliation, certaines familles seront obligées d’en passer par là: un tarif social a été prévu. C’est évidemment en tant que tel une bonne chose. Sauf qu’il est laissé à la discrétion des directions. Aucun montant fixe n’est mentionné, pas plus que les critères présidant au choix des familles qui y auraient droit. Donc non seulement on charge les directions de faire une enquête sociale, ce qui n’est pas a priori leur rôle, mais en plus, elles ne sont pas encadrées pour cela. Et last but not least, toutes les données sont transmises aux services du secrétaire communal, lui non plus a priori absolument pas destiné à traiter ce genre de données. Il serait intéressant de connaître la position d’une institution telle que la Ligue des Droits de l’Homme sur ce type de pratiques. Qui seront les heureux élus? Après quel parcours? Et que sera-t-il fait des données?

Une réforme lourde de conséquences pour les familles, et où transparence et confidentialité font défaut. Merci à notre chère majorité Clerfayt-Grimberghs-Durant, qui décidément “fait du social autrement”

 

Catherine Moureaux

 

Députée bruxelloise PS

 

Conseillère communale à Schaerbeek