Au vu de l’avancement inquiétant sur les règlements des frais de garderie et de repas chauds, Catherine Moureaux a de nouveau interpellé le collège au Conseil communal de ce mercredi 23 octobre. Après le grand rassemblement lors du conseil communal du 25 septembre pour montrer leur mécontentement, de nombreux parents avaient encore fait le déplacement ce mercredi. Catherine Moureaux les soutient dans cette démarche. Voici son interpellation:

En situation de guerre ou d’extrême pauvreté on sait que ce sont les femmes et les enfants qui paient le plus lourd tribut.

En sommes-nous là? En juin dernier, le collège a proposé de nouveaux règlements en matière de participation aux frais des parents à l’école. Ces nouveaux règlements ont été adoptés majorité contre opposition au conseil communal.

A partir de septembre l’application concrète a soulevé un grand nombre de questions, d’inquiétudes et de revendications. De nombreux parents ont vu leur facture considérablement augmenter.

Ceci a justifié une importante mobilisation des parents, relayée par les conseillers communaux d’opposition, et un recul du collège. Des amendements ont été apportés au texte initial et la majorité les a votés. Ceux-ci ne répondent qu’à une partie de nos préoccupations, ne satisfont pas les parents et n’apaisent pas nos craintes.

Je salue d’ailleurs les parents présents et remercie tous ceux qui sont ici mais aussi ceux qui ont signé les pétitions ou témoigné de leur situation. C’est grâce à eux que le premier recul a eu lieu.

Si la possibilité de mieux cibler les plages horaires fréquentées permet de réduire la facture pour certains parents, le plus gros problème, le manque de souplesse, persiste, et la facture pour les parents qui ont besoin de la garderie de manière importante devient encore plus lourde. Ainsi si l’on compare avec les tarifs de la première mouture, présentant déjà, je le rappelle, des augmentations allant jusqu’à 60% par rapport aux montants payés l’année précédente, la moitié des tarifs “deuxième mouture” sont plus élévés encore!


Alors qu’un système forfaitaire pourrait tendre vers une plus grande solidarité et prévoir des tarifs plutôt bas puisqu’on ne consomme par essence même du système pas l’ensemble des heures possibles. C’est tout le contraire qui se passe: pas de solidarité avec ceux qui ont de gros besoins et prix très élevés pour tous.


En effet, la rigidité du système ne serait pas un problème si les tarifs étaient plus bas. Ici force est de constater que le système oblige les familles à se poser la question, pour toute l’année, de “vais-je mettre mon enfant en garderie ou pas?”. Et que les tarifs pratiqués font pencher la balance en faveur de ne pas les y mettre pour ce qui concerne les familles moins favorisées, en particulier les familles monoparentales et les familles où il n’y a qu’un voire pas de revenu du travail.


Quant on sait que les familles monoparentales sont pour la plupart constituées (95%) de femmes seules avec enfant(s) et que les familles en difficulté sur le marché de l’emploi ont presque toujours économiquement plus d’intérêt à ce que l’homme travaille, on comprend que la situation des femmes de ces familles ne tendra pas à l’émancipation.


Quant aux enfants qui “pourront grâce à vous, mesdames et messieurs les membres du collège, rentrer à la maison un peu plus tôt”, si vous pensez leur avoir fait du bien, je vous rappelle l’exiguité des logements dans lesquels vivent bon nombre de familles bruxelloises, et la promiscuité qui s’en suit. Pour ceux-là, est-ce vraiment mieux de rentrer “un peu plus tôt”. Au fait savez-vous que les écoles maternelles terminent la classe à 15h? Pour ces familles là, renoncer à la garderie du soir n’ira pas sans d’autres renoncements, tels que formations, entretiens d’embauche,…


Donc les femmes et les enfants vont trinquer, CQFD.


C’est déjà évident: une baisse de la fréquentation a suivi l’adoption des nouvelles mesures dans certaines écoles. Budgétairement parlant, c’est peut être un mieux pour la commune: cela amène à des diminutions du temps de travail des encadrantes! Personnellement je pensais que c’était là une niche de personnes contentes des nouveaux règlements adoptés. Ce n’est absolument pas le cas.


Je parlais des familles à revenus modestes et des personnes seules avec enfant(s). Une autre injustice flagrante de ce règlement réside dans la façon de gérer les demandes d’exonération. Les familles devront décider si cela vaut la peine d’étaler leurs difficultés dans une procédure dont elles ne sont pas sures de la confidentialité. Si une nouvelle circulaire semble avoir été envoyée qui dédouane les directions du tri, force est de constater que les critères devant amener à ladite exonération ne sont toujours pas connus. Au pire, ceci pourrait amener à un régime de passe-droits. Au mieux, le fait que les dispositions ne soient pas claires dissuade les familles qui pourraient en faire la demande de le faire. Dans ce sens la date limite d’introduction des dossiers proposée, extraordinairement proche du moment où l’information est donnée pour chacune des deux versions du règlement, a déjà joué un rôle dissuasif majeur.


Monsieur l’échevin, le mois passé, vous nous affirmiez que nous étions une commune peu chère pour ces frais de garderie. Il s’avère que nous sommes dans le trio de tête des communes bruxelloises les plus chères selon les chiffres recueillis par la FAPEO!
Le CDH, grand défenseur des familles, est-il à l’aise par rapport à ça?Les conseillers Ecolo, qui semblaient grands défenseurs du projet lors du précédent conseil, ont-ils pris connaissance de cet élément?Quant au FDF, malheureusement quant on sait que la commune la plus chère d’après le classement que j’ai déjà mentionné est Woluwé Saint-Lambert, où le bourgmestre n’est autre que le président de ce parti, on comprend que ses discours sociaux sont suivis d’actes tout ce qu’il y a de plus opposés. Notons en passant que la sociologie de Woluwé-Saint-Lambert n’est pas exactement la même que celle de Schaerbeek…


Monsieur le bourgmestre, interrogé à la télévision sur le dossier, vous aviez répondu de manière laconique que cette réforme permettrait une meilleure qualité du service. Nous n’avons encore rien perçu de ce genre. Mais quand bien même ceci aurait lieu dans le futur, pour qui?


Je porte par ailleurs quelques questions plus spécifiques des parents:- quid des enfants qui fréquentent la garderie un quart d’heure ou une demi-heure avant de participer à une activité parascolaire, payante elle aussi ?- quid des déductions fiscales lorsque la garde alternée amène à des situations différentes de semaine en semaine?- comment allez-vous gérer les différences de montants réclamés entre les deux règlements?
En conclusion, il s’agit d’une réforme LOURDEMENT INJUSTE.Et aussi hâtivement menée, qui plus est sans concertation avec qui que ce soit.


Elle marque aussi les limites d’un collège où le même échevin gère le budget et l’instruction publique. En effet, le travail de l’échevin du budget est de boucler un budget, alors que chacun des échevins « à matière » tente d’obtenir le plus possible pour sa matière. Du coup si la même tête gère l’enseignement et le budget, est-ce le budgétaire ou le gestionnaire de l’instruction qui prend le pas sur l’autre?


Mesdames et messieurs les membres du collège, au nom du groupe PS, je vous demande une nouvelle fois de RETIRER ce règlement avant que les dégâts sociaux, sur nos familles, nos enfants, ne soient irréversibles.
Enfin dans le futur, nous voulons que vous considériez la situation réelle des familles schaerbeekoises et en ce nous soutenons la demande des parents d’une concertation avec les associations représentatives.