Compte rendu de ma question du 5/03/2018 ci-dessous:

Mme Catherine Moureaux (PS). – Madame la Ministre, je vous ai interrogée dernièrement en séance plénière à la suite de la publication d’un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui montre une augmentation de 400 % de cas de rougeoles en Europe. La situation en Belgique n’est pas bonne: nous avons quatre fois plus de cas qu’en France et douze fois plus qu’en Espagne.

Je vous interrogeais déjà en 2017 sur l’épidémie de rougeole et nous étions tombées d’accord sur la nécessité de mener des campagnes spécifiques, destinées aux groupes-cibles où naissent les infections. En séance plénière, il ne me semble pas avoir eu votre réponse sur ce sujet.

Où en êtes-vous aujourd’hui dans ce travail spécifique qui touche à la fois à la prévention et aux traitements qui suivent le début de l’infection?

Quel est votre plan d’action pour déterminer les foyers d’infection?

Quid d’un programme de prévention pour éviter l’apparition de nouveaux foyers d’infection?

Comme ministre de la Région wallonne, vous avez lancé une campagne télévisuelle grand public pour rappeler l’importance des rappels de vaccination et pour lutter contre le défaut de vaccination. C’est une initiative judicieuse et utile aujourd’hui. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette campagne?

Est-elle organisée uniquement par la Wallonie ou également par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Commission communautaire commune ou encore un autre pouvoir compétent?

Quand aura-telle lieu et comment s’organisera la prévention à Bruxelles?

En votre qualité de ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avez-vous sollicité les pouvoirs compétents bruxellois?

Concrètement, comment le travail sera-t-il organisé sur les diverses entités?

Chacun peut avoir son opinion sur les doubles casquettes. À ce stade, je n’ai rien contre. Je suis persuadée que vous avez les qualités suffisantes pour répondre aux deux défis. Dans le cas qui nous occupe, il y a cependant une question qui se pose pour Bruxelles. En votre qualité de ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, vous devez aussi vous soucier de Bruxelles.

Vous avez rappelé en séance plénière l’importance de ma question sur la prévention et le devoir de lutter contre les inégalités dans le domaine de la santé. Une enquête sur la vaccination a lieu tous les trois ans. Pouvez-vous m’indiquer quand sera finalisée cette enquête en 2018?

Les données relatives à Bruxelles seront-elles cette fois reprises dans cette enquête?

La ministre de la Culture et de l’Enfance. – Madame la Députée, en tant que ministre wallonne de la Santé, je suis chargée de la gestion des maladies infectieuses et de la promotion de la vaccination des adultes. En tant que Ministre de l’Enfance en Communauté française, je suis en effet  chargée de la vaccination des femmes enceintes et des enfants sur l’ensemble du territoire de la Communauté française. Des rencontres entre l’Agence pour une vie de qualité (AViQ), organe faîtier en Région wallonne, et l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) sont fréquemment organisées pour mutualiser et assurer un continuum des actions. Sachez qu’en ce qui me concerne, je reste tout aussi attentive et préoccupée par les relations entre l’ONE et la Commission communautaire commune. Cependant, je dois bien avouer que les choses sont beaucoup moins fluides et faciles.

Par ailleurs, l’interlocuteur naturel de l’ONE à Bruxelles est la Commission communautaire française, mais cette dernière n’a pas hérité de cette compétence. Je ne vais donc pas entrer dans un débat institutionnel. Vous connaissez mon amour de la Communauté et mon souci de la défendre. Je demande l’attention une nouvelle fois des Bruxellois en toute amitié et en voulant prendre réellement mes responsabilités en Communauté française.

Les Bruxellois ont parfois tendance à vouloir tout gérer eux-mêmes tout seuls et se retrouvent très isolés lorsqu’il s’agit de mener des politiques efficaces sur l’ensemble de la population. Je ne m’avancerai pas plus loin, car je pense que nous nous sommes parfaitement compris. Sur le fond de votre question, plusieurs groupes sont effectivement ciblés comme étant plus exposés aux risques. Il s’agit entre autres des gens du voyage, des voyageurs fréquentant des pays à forte prévalence de cette maladie ou des primoarrivants.

Toutefois, la rougeole concerne toute la population et vous l’avez rappelé. Nous ne pouvons pas vraiment être fiers de nos résultats. En effet, lors de l’épidémie de 2017, près de 10 % des cas ont concerné les professionnels de la santé et la moitié des cas de jeunes adultes. Il est donc nécessaire d’entreprendre des actions de communication générale visant toute la population. En effet, des campagnes d’affichage et de spots diffusés à la radio et à la télévision ciblant des populations «vulnérables» ne semblent pas être le moyen le plus efficace de les atteindre; ils entraînent en outre d’importants risques de stigmatisation.

À l’heure actuelle, nous avons pour but l’organisation d’une campagne audiovisuelle générale pour la promotion de la vaccination destinée à tous les publics. Par ailleurs, le dépliant d’information sur la vaccination destiné aux parents attire particulièrement l’attention sur la rougeole. J’estime comme vous que les dépliants sont un bon outil, mais vient un moment où la médiation directe auprès des populations est plus efficace.

La campagne audiovisuelle de promotion de la vaccination destinée au grand public est encore à l’état de projet à l’administration de l’ONE. Il n’est actuellement pas prévu de construire ce projet avec d’autres institutions; c’est une bonne nouvelle dans le sens où la campagne pourra dès lors couvrir l’ensemble du territoire de la Communauté française, quelle que soit la réaction des uns et des autres. Si la campagne se concrétise, son lancement devrait avoir lieu en avril 2019, en concomitance avec la Semaine européenne de la vaccination. Elle aura pour objectif la promotion de l’adhésion vaccinale et du tout nouveau site www.vaccination-info.be. Pour rappel, ce site sera complètement revu, tant au niveau de la forme que de sa structuration, cela avec la collaboration de l’AViQ et de la Commission communautaire française, sous la coordination de l’ASBL Question Santé.

Pour des raisons juridiques, l’enquête de 2018 passe par un appel d’offres et subit donc un décalage par rapport aux études précédentes. Cet appel d’offres est en cours.

L’enquête devrait cette fois être menée en commun par l’ONE et la Commission communautaire commune afin de représenter au mieux les populations de l’ensemble du territoire de la Communauté française, qu’il s’agisse de la Wallonie ou de la Région de Bruxelles-Capitale. Des réunions de travail entre la Commission communautaire commune et l’ONE ont déjà eu lieu, et un appel d’offres conjoint est en cours de développement; ce dernier requiert cependant un temps de préparation un peu plus long. Les résultats de l’enquête seront normalement disponibles en 2019.

Mme Catherine Moureaux (PS). – Madame la Ministre, il s’agit à nouveau d’un sujet sur lequel nous avons déjà travaillé. Sans surprise, nous nous répétons. Votre parti et le mien étaient parties prenantes lors la dernière réforme de l’État et lors des accords de la Sainte-Émilie. Le cdH et le PS ont accepté une chose que je regrette: la division de la compétence de vaccination. En termes de santé publique, cette séparation n’a absolument aucun sens. Il est absurde de distinguer les jeunes enfants du reste de la population, puisqu’une fois qu’il existe une faille vaccinale, l’ensemble de la population doit être revaccinée.

Tout le monde population vit dès lors des difficultés. Cela n’a aucun sens et nous nous en rendons bien compte dans le cas présent. Je pense que nous sommes d’accord sur cet aspect. Mais nous devons assumer cette réalité institutionnelle et travailler en conséquence. Nous partageons l’idée que la campagne de publicité ne va pas permettre de toucher des groupes-cibles et qu’une action télévisuelle qui les viserait spécifiquement n’a non plus pas de sens.

Nous sommes d’accord. J’ai entendu, cette fois, que vous aviez entrepris des démarches vis-à-vis des groupes-cibles. Je souhaiterais davantage de précisions. Je suis contente de l’entendre et je en vous félicite. C’est très important. C’est aussi important que la grande campagne télévisuelle. Vous pouvez compter sur moi pour interpeller le collège de la Commission communautaire commune afin que cela suive de ce côté.

Nous avons parlé du foyer primaire de l’infection: elle ne se répand que si le reste de la population est sensible. C’est pour cette raison que nous avons besoin de la campagne télévisuelle globale et que nous devons aussi atteindre les jeunes adultes.

Qu’entreprenez-vous aujourd’hui pour augmenter la couverture de la deuxième injection vaccinale? Son taux n’est pas suffisant. Je lance le pavé dans la marre. Que mettrez-vous spécifiquement en place pour y remédier? Sera-ce uniquement par la campagne télévisuelle universelle ou lancerez-vous une action encore plus volontariste dans les écoles?

Pour lire l’article de presse associé: Rougeole : « Un vaccin à l’école dès 11 ans » – DH du 15 mars 2018