Ci-dessous ma question écrite du 30 octobre 2015 et la réponse de la Ministre. Bonne lecture !

Le 19 mars dernier, je vous interrogeais sur l’obésité maternelle et ses conséquences pour la santé de la mère et de l’enfant. Pour rappel, les femmes précarisées sont particulièrement touchées par l’obésité. Par exemple, l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles le mentionne dans son rapport sur l’état de la pauvreté 2014 : « en 2008, 10% des femmes bruxelloises rapportaient souffrir d’obésité. Cette proportion diminue graduellement à mesure que le revenu augmente, passant de 16% dans le groupe au niveau de revenu le plus bas à 6% dans le groupe au revenu le plus élevé. » Ce constat est le même dans les autres grandes villes de notre Fédération et du monde.

 Tout récemment, un autre rapport du même Observatoire, « Naître Bruxellois – Indicateurs de santé périnatale des bruxellois(es) » renforce nos inquiétudes : A Bruxelles, entre 2009 et 2011, 33,6% des femmes en début de grossesse ont un poids au-dessus de la normale (22,6% sont en surpoids, 10,2% présentent une obésité et 0,8% une obésité sévère). Il est donc important d’agir dans ce domaine quand on sait que le risque de développer des complications au cours de la grossesse augmente graduellement en parallèle de l’augmentation du poids de l’IMC de la mère : diabète gestationnel, troubles hypertensifs, césariennes, macrosomies, décès périnatal, déficit du tube neural,…

 En mars dernier, pour faire face à cette problématique du surpoids, par rapport à ma question de la mise en place d’un réseau d’aide pour le suivi et le soutien, notamment psychologique, durant et après la grossesse, vous jugiez celle-ci très intéressante et vous vous engagiez à la relayer et en assurer le suivi à l’ONE. Madame la Ministre, pouvez-vous me dire si des dispositions ont été prises pour la mise en place d’un tel réseau? Afin de réaliser cet accompagnement, avez-vous prévu d’implémenter la formation des travailleurs médicosociaux sur les aspects scientifiques et psychologiques?

 

Réponse : En mars dernier, pour faire face à cette problématique du surpoids, par rapport à ma question de la mise en place d’un réseau d’aide pour le suivi et le soutien, notamment psychologique, durant et après la grossesse, vous jugiez celle-ci très intéressante et vous vous engagiez à la relayer et en assurer le suivi à l’ONE.

Madame la Ministre, pouvez-vous me dire si des dispositions ont été prises pour la mise en place d’un tel réseau? L’ONE travaille déjà en collaboration pluridisciplinaire pour la prise en charge des patientes en surpoids durant la grossesse. En cas d’obésité, la patiente doit être référée chez un(e) diététicien(ne) et son suivi médical doit être renforcé en collaboration avec des spécialistes (cardiologues, endocrinologues, ou autres) selon les besoins de la patiente.

Pour mieux suivre l’évolution de cette problématique, deux questions relatives au poids maternel ont été ajoutées en 2015 aux documents de la Banque de données médico-sociales de l’ONE : le poids de la mère avant la grossesse et au moment de l’accouchement. Afin de réaliser cet accompagnement, avez-vous prévu d’implémenter la formation des travailleurs médicosociaux sur les aspects scientifiques et psychologiques?

Comme vous le savez, l’ONE suit cette problématique depuis de nombreuses années et sensibilise et forme son personnel de manière continue. A l’entrée en fonction, tous les TMS reçoivent une formation relative à l’alimentation de la femme enceinte donnée en collaboration entre un Conseiller gynécologue et le service de diététique de l’ONE.

 Ce module est aussi offert dans le cadre de la formation continue. Le guide de consultation prénatale cité ci-dessous stipule en matière d’alimentation de la femme enceinte que : « une attention toute particulière devra être portée d’une part aux femmes minces ou maigres et a fortiori à celles qui ne prennent pas assez de poids, et d’autre part aux femmes présentant une surcharge pondérale ou une obésité. », il rappelle que « obésité et grossesse prédestinent à une grossesse à risques, principalement en ce qui concerne la macrosomie et le diabète ainsi que leurs conséquences. Il est donc impératif d’assurer un suivi attentif de cette grossesse. ». Les TMS en parlent systématiquement avec les futurs parents avec l’aide d’un outil ONE (en annexe) qui permet de recommander à chaque femme une prise de poids adaptée à son poids de départ. Quelles sont les recommandations de l’ONE et du Ministère de la Santé?

Les recommandations pour la promotion d’une alimentation saine chez la femme enceinte et la surveillance de la prise de poids durant la grossesse sont reprises dans le Guide de Consultation prénatale édité en 2009 par le GGOLFB (Groupement des Gynécologues et Obstétriciens de langue française de Belgique) et l’ONE. Il y est détaillé : « la prise en charge de l’obésité pendant la grossesse », « l’alimentation de la femme enceinte » mais aussi « l’hypertension et la pré éclampsie », « le diabète et grossesse » et « les pathologies thyroïdiennes et grossesse ». La prévention de l’obésité est un problème important nécessitant des approches pluridisciplinaires. Lorsque le surpoids est déjà installé avant la grossesse, la situation sera particulièrement difficile à réguler.

 C’est pourquoi l’ONE tient aussi à souligner l’importance d’une consultation préconceptionnelle et moins celle d’une analyse liée à une prise de poids excessive durant la grossesse. Par ailleurs, comme je l’ai dit précédemment, l’excès pondéral est une pathologie à fort gradient social, souvent associée à de mauvaises habitudes alimentaires, (pas assez de fruits/légumes et de féculents bruts comme le pain gris, le riz complet associé à la consommation d’en cas et à des boissons hypercaloriques) et la sédentarité, sans oublier un fort aspect transgénérationnel et des mythes encore en circulation (manger pour deux,…).