Les mains coupées au Congo ? Plus que des exactions !

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Enseigner l’histoire du colonialisme belge à tous nos enfants est une avancée majeure mais pas en minimisant les crimes et dans une impression de paternalisme désagréable !

Dans le programme en vigueur, la période de la colonisation s’apparenterait à une intense période de développement économique, qui aurait eu par ailleurs quelques effets secondaires, qualifiés d’ « exactions » et non de crimes… Incompréhensible selon moi!

Pas un mot sur la manière dont s’est organisée l’indépendance et sur Patrice Lumumba. A lire le programme on a plutôt l’impression qu’il s’agit d’un fait naturel et non d’un fait de luttes… Incompréhensible selon moi !

Pas un mot non plus de la responsabilité de la Belgique dans son assassinat, pourtant reconnue par une commission d’enquête belge… Incompréhensible selon moi !

Si pour la Ministre, ce programme qui dépeint l’action coloniale belge au Congo ne semble pas complaisant, j’ai quand même obtenu qu’elle introduise une demande officielle aux conseillers pédagogiques impliqués dans le programme afin d’évaluer celui-ci. Elle s’est aussi engagée à obtenir l’avis d’autres chercheurs sur la question. On avance!

Et vous, avez-vous eu des cours sur le colonialisme belge ? Ses crimes ? L’assassinat de Patrice Lumumba ?

C’est notre histoire et elle doit être enseignée à tous !

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Article de la DH, publié le

Catherine Moureaux: « Les mains coupées au Congo ? Ce sont plus que de simples exactions ! »

La députée Catherine Moureaux (PS) ne cache pas son malaise face au programme consacré à l’histoire du colonialisme belge. La parlementaire interpelle ce jeudi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns (CDH) sur le sujet. « À aucun moment, le mot ‘crime’ n’est cité explicitement. On parle d’ ‘exactions’ . Pour moi, les nombreuses mains coupées durant l’époque coloniale ne sont pas simplement des exactions. Ce mot a le mérite d’exister, mais il donne un peu l’impression qu’il s’agit d’un effet secondaire. L’enseignement de l’histoire du colonialisme belge et de ses crimes n’est pas encore acquis aujourd’hui. Le sujet et la question sont encore malheureusement problématiques », constate la députée Catherine Moureaux (PS), qui interpelle ce jeudi la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns (CDH) sur le référentiel de l’enseignement technique et professionnel consacré au colonialisme et à ses crimes.

C’est en 2014 que le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles approuve les nouvelles compétences élémentaires de l’enseignement qualifiant. Un document appelé référentiel et à partir duquel chaque réseau doit travailler pour créer son programme. Si la colonisation du Congo y figure explicitement, ce qui est une belle avancée, le programme de l’enseignement de la Communauté française qui s’en inspire suscite le malaise, estime la députée.

« Il ressort du programme tel que rédigé actuellement une impression de paternalisme désagréable. Ainsi la période de la colonisation s’apparenterait à une intense période de développement économique, qui aurait eu par ailleurs quelques effets secondaires… Pas un mot sur la manière dont s’est organisée l’indépendance autour du personnage de Patrice Lumumba. À lire le programme on a plutôt l’impression qu’il s’agit d’un fait naturel et non d’un fait de luttes », insiste la socialiste.

Violences commises sous le régime de Léopold II, révélations sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre congolais Patrice Lumumba ou encore polémiques concernant la bande dessinée de Tintin au Congo : les questions soulevées par le passé colonial belge font régulièrement depuis la fin des années 1990 l’objet de vifs débats politiques, médiatiques et citoyens. « Le sujet est sensible et touche à l’identité », souligne Catherine Moureaux, qui milite depuis des années pour un « devoir d’histoire ».

Ce jeudi , l’élue PS interroge la ministre compétente sur l’existence ou non d’une évaluation du fameux référentiel. « Ne sommes-nous pas dans une minimisation des crimes belges et du racisme d’État de l’époque ? », lui demandera-t-elle également.

De son côté, la chercheuse du FNRS et maître d’enseignement à l’ULB Amandine Lauro vient juste de publier un article consacré au sujet dans la revue Éduquer datant du 6 novembre. « L’histoire de la colonisation belge reste peu enseignée dans les écoles secondaires. Il est à craindre, au vu de la considération limitée que lui accorde le Pacte d’Excellence, que cet état de fait perdure », écrivait-elle.

“Une révision des programmes n’est pas du luxe”

“Les professeurs comme les élèves méritent mieux. Encourager l’inscription de l’histoire de la colonisation belge comme contenu obligatoire dans un nouveau référentiel serait un excellent début. À l’évidence, une révision et une harmonisation des programmes en matière d’histoire coloniale, intégrant les perspectives et les avancées des recherches récentes, ne seraient pas non plus du luxe. Pour que les futurs diplômés sortent de l’enseignement secondaire avec un meilleur bagage dans ce domaine, leurs professeurs ont besoin à la fois de plus de temps à y consacrer et d’outils plus performants sur lesquels s’appuyer”, expliquent Amandine Lauro, chercheuse du Fonds de la recherche scientifique (FNRS), et Romain Landmeters, assistant de recherche (FNRS) à l’Université Saint-Louis Bruxelles, évoquant les actuels programmes consacrés à l’enseignement de l’histoire coloniale belge. Une analyse que celle qui enseigne notamment l’histoire de l’Afrique, du genre et de colonisation faisait le 6 novembre dernier dans la revue Éduquer, qui est publiée par la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente. Une association qui a pour objet la défense et la promotion de l’enseignement public et de l’éducation laïque.

Julien Thomas

 

© 2023 Catherine Moureaux

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